A partir des VIIIe/VIIe siècles av. J.-C. l'Europe est secouée par deux grandes invasions de cavaliers nomades venues de l'est, au premier puis au deuxième âge du Fer.

Le premier âge du Fer ou époque de Hallstatt

Depuis le XIe siècle, les Hallsttatiens d'Autriche et de Bavière, se sont enrichis avec l'exploitation du cuivre et du sel dans le Saltzkammergut. Quelques siècles plus tard, vers 750 av. J.-C., leur expansionnisme les pousse vers l'ouest, le long de l'arc alpin en direction des rivages méditer-
ranéens par le couloir rhodanien ; vers l'intérieur ils s'installent en nombre au confluent du Buech et de la Durance pour tenir la voie du col du Montgenèvre. Ailleurs ils lancent des prospecteurs pour la recherche et l'exploitation des minerais (cuivre et plomb) et probablement du sel en Maurienne, mais surtout pour contrôler la route de tous les cols vers l'Italie, au profit de leur commerce où l'étain de Bretagne devait tenir une grande part pour alimenter les bronziers du monde méditerrannéen.

Ces activités et ces trafics ont été la cause d'un essor économique fulgurant chez les montagnards. Chaque vallée se différencie de sa voisine par la forme ou les décors de ses productions toujours abondantes d'objets de bronze ; les contacts avec les plaines sont marqués par des bijoux importés ou reçus en cadeau.
Des civilisations puissantes naissent comme celle de Golasecca en haute Lombardie et en Tessin, d'une richesse exceptionnelle. La civilisation alpine de Melaun continue à être florissante. Bien que non baptisées, celles de Maurienne, de Tarentaise, du Champsaur, du Queyras et de l'Ubaye sont aussi très prospères.
Tous les cols, en France, en Suisse et en Autriche sont exploités pour le trafic avec l'Italie aux VIIe et VIe siècles. Les populations des deux versants ont tiré parti de leur situation en imposant aux voyageurs et aux commerçants leurs services (escorte, porteurs) contre des taxes de péage et des " cadeaux ".

Le deuxième âge du Fer ou époque de la Tène

Les tribus gauloises (ou Celtes), autres nomages cavaliers venus de l'est se regroupent dans le centre de l'Europe et en Champagne. De là ils partiront, à partir de la fin du IVe siècle pour conquérir l'Europe occidentale dans les mêmes territoires que ceux occupés par les communautés hallstattiennes installées deux siècles plus tôt : les mêmes places fortes seront reprises et les mêmes voies contrôlées.
Pourtant les Gaulois ne se contenteront pas de rester aux marges de l'arc alpin et de commercer avec les Étrusques et les Latins,
La volonté 'expansion gauloise se manifeste dans une autre conception politique et une autre stratégie par rapport aux Hallstattiens.
Au début du IVe siècle av. J.C. des tribus gauloises du nord des Alpes et de Gaule envahissent la péninsule. Après l'échec de la prise de Rome ils s'installeront dans la plaine du Pô, créant la Gaule cisalpine.

Que ce soit pour établir des contacts politiques et commerciaux entre les Gaules transalpine et cisalpine, ou pour poursuivre les échanges avec les Italo-grecs les cols alpins, toujours fréquentés, entretiennent la richesse des montagnards non celtiques et peu celtisés. On connaît leurs noms par les historiens grecs ou latins :
Rhètes dans les Alpes centrales, Lépontiens sur le versant méridional, Ceutrons en Tarentaise, Medulli en Maurienne, Ucenni en Oisans, Tricori en Champsaur, Quariates en Queyras, Savincates en Ubaye, etc.


Les communautés indigènes, développées depuis le VIIe siècle, conservent et accentuent leurs originalités. Dans les Alpes italo-suisses, les tombes contiennent des bijoux locaux (bracelets valaisans) et d'autres d'origine gauloise et nord-italique. La route du Grand Saint-Bernard est marquée par des monnaies celtiques.
Dans le territoire de la civilisation de Melaun (Grisons, Engadine, Tyrol) même phénomène de mélange de bijoux, nord et sud alpins. Les voies transalpines sont très fréquentés comme celle qui passe au col du Saint-Gothard.
En Tessin et nord Lombardie, la civilisation de Golasecca se poursuit avec magnificence par l'introduction de l'alphabet étrusque ; l'habileté de leurs bronziers permet de copier les vases métalliques étrusques pour satisfaire le marché local.
A l'extrémité orientale de l'arc alpin, Styrie et Carinthie seront celtisées plus profondément à cause des puissants gisements de fer qui permettront aux Gaulois une production sidérurgique de qualité avec la création de place forte que les Romains consolideront (Magdalensberg en Carinthie à 1600m d'altitude). A ce sujet, les Gaulois n'ont pas été attirés par les mines de fer du nord et de l'ouest des Alpes, toujours plus difficiles à exploiter que celles dont ils disposaient en plaine ou dans les massifs peu accidentés, disséminés dans l'Europe entière.

Dans la partie occidentale, en France, le col du Petit-Saint- Bernard et la Tarentaise gardent un fort trafic. Mais celui du Montgenèvre prend une grande importance et la route, depuis la vallée du Rhône, est jalonnée de monnaies gauloises, totalement absentes des autres voies transalpines (Mont-Cenis, Petit Saint- Bernard, Lautaret, etc.) alors qu'elles abondent partout dans les piedmonts fortement occupés.
Le port de Marseille, fondé au début du VIe siècle (vers 600 av. J.-C.), en contact avec l'Etrurie, le Latium, la Campanie et la Grande Grèce autorise maintenant le trafic directement par le couloir rhodanien, sans qu'il soit nécessaire d'affronter les difficultés de la montagne pour atteindre le monde méditerranéen.

Puis se fut le début de l'Histoire avec la progression des légions romaines au sud, puis à l'ouest et enfin au nord et à l'est de l'arc alpin.
La Gaule cisalpine a été conquise vers 220 av. J.C., les dernières tribus gauloises indépendantes furent vaincues par Auguste entre 16 et 14 av. J.C. et Vindobona (Vienne, en Autriche) fut créée en 70 ap. J.C. ; il fallut trois siècles pour faire basculer le destin historique des Alpes dans la sphère latine...

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Mobilier funéraire en bronze d'une tombe féminine de Guillestre (Hautes-Alpes) , comportant bracelets, collier à pendeloques, fibule, boutons et ceinture à chaînettes caractéristiques des vallées de l'Ubaye et du Queyras au IIIe siècle av. J.-C.
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Dans les mines de sel de Hallstatt ont été conservés de nombreux outils et équipements de mineurs, telle cette hotte en bois et en cuir pour transporter le sel.

Le fer apparaît avec l'arrivée de nomades venus de l'est :
c'est l'âge du Fer...

Torques gaulois en or du trésor d'Ersfeld (Uri) découvert sur le chemin du col du Saint-Gotthard. Ce sont des pièces d'orfèvrerie extraordinaires, caractéristiques de l'art celte du IVe siècle av. J.C.

L'HOMME A LA CONQUÊTE DE L'ARC ALPIN
par Aimé Bocquet
Armement de la tribu gauloise des Allobroges : lances, épée, fibules et baudrier porte-épée en fer.
Rives, Isère.

Les Gaulois ont diffusé la métallurgie du fer et ils ont fabriqué dans ce métal tous les outils et les ustensiles de cuisine dont on se sert encore.

Ici : serpette, ciseau de tonte, couteaux, louche, hache, grill, crochet à viande, etc.

Dépôt de Larina, Isère.

 

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