L'ART RUPESTRE DANS LES ALPES

Les hommes, depuis le Néolithique, ont toujours aimé garnir les " pages blanches " que leur offraient les parois lisses des blocs erratiques ou des rochers polis par les glaciers.

Sans entrer dans les détails des multiples représentations gravées retrouvées dans tout l'arc alpin, nous retiendront quelques zones où celles-ci sont particulièrement nombreuses et spectaculaires.

En haute altitude les artefacts reconnus sur les roches sont le plus souvent des cupules, bassins ou rainures dont la signification est encore énigmatique : balisage de sentiers, limite de territoire, distraction de bergers rêveurs, vocation magique ou religieuse? Abondantes en montagne, ces manifestations se retrouvent aussi dans les plaines alentour, quand les supports rocheux existent, les blocs erratiques en particulier. Les roches à cupules ne sont donc pas un phénomène spécifique à la montagne...
Plus montagnardes, par contre, sont les gravures, figuratives ou non. Dans les Alpes méridionales, à plus de 2.000m donc non habitable en permanence, la Vallée des Merveilles et le Mont Bégo au-dessus de Tende dans les Alpes-Maritimes, offrent un véritable sanctuaire de gravures rupestres sur un territoire accidenté et restreint. Plus de 40.000 datent de la préhistoire avec une multitude de signes réalistes (bucranes ou " cornus ", poignards, hallebardes, scènes de labour à l'araire, etc.) et stylisés (anthropomorphes, figures géométriques, tectiformes, points, etc.) s'étalent de la fin du Néolithique aux Romains. Mais c'est surtout le début de l'âge du Bronze qui est le mieux représenté, entre 2.000 et 1.500 av. J.C. Oeuvres de bergers montés de la plaine du Pô, certains y voient, avec vraisemblance, la manifestation de sentiments religieux dans un cadre naturel plein de majesté et de grandeur.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Une large zone couvrant la Maurienne et la Tarentaise, en Savoie, possède plusieurs centaines de roches gravées avec des représentations figuratives (scènes de chasse, anthropomorphes, cavaliers, combats, etc,) et énigmatiques à
caractère symbolique ou religieux (orants,
spirales, serpentiformes, etc.). Les ensembles
les plus beaux à Lanslevillard, Aussois,
Sollières, etc, couvrent du Néolithique aux
âges des Métaux. Les représentations ressem-
blent souvent à celles, très abondantes, du Val
d'Aoste et du Val de Suse, de l'autre côté des
cols. Mais il n'y en pas seulement en altitude :
à Aussois, les roches gravées du site des Lozes,
comme en Valais celles de Saint-Léonard sont
manifestement en rapport avec les habitats préhis-
toriques voisins. A Vollein, Val d'Aoste, elles sont
voisines d'une grande nécropole néolithique.

Au nord de la plaine du Pô, le Val Camonica mérite sa renommée de métropole de l'art rupestre alpin. Des milliers de scènes et de figures gravées s'étalent du Néolithique à l'âge des Métaux, mais avec une meilleure répartition dans le temps qu'au Mont-Bégo car nous sommes dans une région qui n'a pas cessé d'être fortement habité depuis 4.500 av. J.C. Ainsi les sujets figuratifs sont nombreux qui permettent de connaître quelques activités habituelles des paysans: maisons, chars, araires, armes, outils, animaux (canidés, cervidés), cadastres (avec champs, chemins), scènes de chasse au cerf, combats, etc.